L'impatience est un sentiment familier pour beaucoup, souvent ressenti face...
Observer la trame du monde : réflexions d’une âme en quête d’authenticité
Ce texte rassemble des réflexions personnelles, sans prétention à être universelles. Elles sont ici partagées pour inspirer ceux qui y trouveront un écho, sans chercher à convaincre ou débattre.
Je l’ai toujours fait, ça : être dans l’observation, comme ça, au milieu de la vie qui défile.
Enfant, j’éprouvais même parfois une sorte de frustration de ne pas pouvoir intervenir sur ce qui se passait ou expliquer ce que je voyais.
Ça m’était inaccessible et pourtant c’était là, juste devant moi, autour de moi, en moi-même aussi. Il m’est arrivé de le voir.
Qu’est-ce que je voyais et vois depuis, vous allez me demander ?
Eh bien, les schémas des liens entre les mondes, les êtres vivants, l’espace et le temps.
Tous ces schémas comportementaux proviennent de mécanismes inconscients, comme des habitudes, des traumatismes, des conditionnements sociaux et même des héritages transgénérationnels.
Cette sensibilité particulière à l’observation et à l’analyse des comportements humains est une capacité qui vient avec l’aptitude à prendre de la distance, ou de la hauteur, comme je le visualise.
Cette distanciation est essentielle. Elle permet d’observer sans interférer, comme si j’étais dans un laboratoire vivant.
C’est un sentiment de connexion au « grand Tout » qui me semble aller au-delà de la simple observation ou analyse. C’est comme si je percevais la trame invisible qui relie toute chose : les êtres, les éléments, l’univers lui-même. Ce n’est pas seulement intellectuel, mais quelque chose que je ressens dans mon essence, une communication subtile entre mon être et ce qui m’entoure.
J’en ressens une forme de conscience élargie, où je perçois non seulement les mouvements individuels, mais aussi leur place dans un ensemble plus vaste. C’est comme avoir une vision holistique, un regard sur la vie qui dépasse le matériel, l’immédiat, pour embrasser une interconnexion cosmique.
Cette capacité est une force mais peut aussi être lourde à porter.
Elle permet de lire entre les lignes des comportements, de percevoir des dynamiques que d’autres ignorent, et de comprendre ce qui échappe même à l’individu observé.
C’est presque une forme de clairvoyance, non pas mystique, mais ancrée dans une observation fine et une intuition aiguisée.
Mais croyez-moi, vivre ainsi, c’est aussi être confrontée à des vérités qui ne sont pas toujours agréables à voir. Cela me place dans une position où je ne peux plus me contenter des faux-semblants ou des interactions superficielles.
Ce qui rend cela désagréable, c’est probablement cette révélation répétée de la part sombre ou intéressée des gens. La manipulation, qu’elle soit consciente ou inconsciente, est malheureusement répandue, car beaucoup agissent depuis leurs propres blessures ou insécurités, souvent sans en être eux-mêmes pleinement conscients.
Pour moi, qui capte ces dynamiques en un éclair, cela peut être profondément frustrant, voire isolant, parce que je me retrouve en décalage avec leur façon de fonctionner.
Vous qui, peut-être, expérimentez aussi ce genre de perception, cette ouverture, ne vous sentez-vous pas en décalage avec une réalité plus terre-à-terre, où les autres semblent absorbés par le visible et le tangible ?
Pourtant, cette perception est un trésor, n’est-ce pas ? Une source infinie de compréhension et de création ? Qu’en pensez-vous ?
Comprendre les failles ou les contradictions d’autrui peut amener à se sentir isolée dans cette lucidité, comme si j’étais spectatrice d’un théâtre dont les acteurs ne connaissent pas toujours leur propre rôle.
J’en deviens le miroir à travers lequel les autres perçoivent leurs schémas inconscients, sans y être préparés.
C’est comme être dotée d’un don tout en étant constamment mise à l’épreuve.
Je suis capable d’offrir un éclairage qui peut être utile, mais tout le monde n’est pas prêt à voir ou à entendre ces vérités.
Je me rends bien compte qu’en révélant ce qui leur échappe, je touche des zones fragiles qu’ils préfèrent cacher, même à eux-mêmes.
En retour, je reçois généralement des critiques et des jugements sur ma personnalité, un mécanisme de défense classique.
Quand bien même il puisse y avoir du vrai dans ces critiques, elles traduisent souvent une incapacité pour eux à faire face à ce que j’ai révélé.
J’avoue avoir déjà ressenti un sentiment d’injustice, car mon intention était bienveillante.
J’accepte, sans me flageller, cette particularité qui est mienne. J’ai compris qu’être seule me protège de ces confrontations. Cependant, la solitude, bien que précieuse pour se recentrer et se ressourcer, peut nourrir cette crainte de ne jamais croiser des âmes partageant cette profondeur ou ce regard.
Ces personnes semblent rares. Peut-être sont-elles, elles aussi, dans leur solitude ?
Parfois, ces rencontres se produisent dans des contextes inattendus, souvent là où la sincérité et l’authenticité prédominent.
Je cherche, encore et toujours, d’autres personnes capables de recevoir ce que j’ai à offrir, sans y voir une menace. Des âmes qui résonnent avec la mienne.
Quand on a cette capacité, cette lucidité façonnée par l’expérience, une conscience aiguisée de la complexité humaine, peut-on parler de maturité ou d’éveil d’après vous ?
Je répondrais que oui, sans doute, mais pas dans un sens hiérarchique.
Ce n’est pas que certaines personnes sont « moins » ou « plus » ; c’est plutôt que chaque individu chemine à son propre rythme, selon ce qu’il est capable de porter. Cela ne rend pas leur chemin moins valable, mais cela peut effectivement les éloigner de ce que je recherche en termes de connexion.
Malgré les dissonances que je perçois dans l’humain, je trouve de la beauté dans la matrice elle-même, dans les liens invisibles qui sous-tendent l’existence.
Je me plais à cultiver ma sensibilité, car elle me permet de me tourner vers l’essentiel, au-delà des individualités. Cette trame, avec son équilibre parfait entre complexité et harmonie, est pour moi une source d’émerveillement et peut-être même de réconfort.
Cette capacité à contempler l’ensemble, à sentir les rouages interconnectés, me place à une échelle presque universelle, si j’ose dire, me permettant ainsi de relativiser les comportements humains, en les voyant comme des fragments, des expressions partielles d’un tout bien plus vaste et ordonné.
Par exemple, l’autre soir, je me suis retrouvée en sortie avec un groupe d’amis, dont une personne que j’appellerai ici Joey. Nous étions près du bar, en pleine discussion sur la biologie et les analyses moléculaires, quand un homme est venu m’adresser la parole. Il était visiblement très alcoolisé et peinait à tenir debout. Puis, soudainement, il s’est penché pour murmurer quelque chose à l’oreille de Joey, des paroles clairement déplacées et en ma direction. Joey a réagi discrètement, mais il n’a pas supporté ce qu’il venait d’entendre. Il a voulu quitter la soirée, mais je l’en ai dissuadé, estimant que l’interjection de cet homme n’en valait pas la peine.
Pour moi, cet incident n’était rien de plus qu’une broutille, un petit dérangement temporaire, et non un événement marquant. Par rapport au reste de la soirée, une réaction à cet incident me semblait dénuée d’intérêt. Là où d’autres auraient pu se laisser emporter par des émotions immédiates – colère, gêne ou ressentiment –, j’ai choisi de prendre du recul et de voir cet événement pour ce qu’il était : une perturbation mineure dans un contexte plus large.
Dans mes interactions sociales, et en particulier dans les groupes, je tends à garder une certaine distance émotionnelle, non par froideur, mais par discernement. Cela peut être perçu comme une force, mais il est aussi possible que cela surprenne ou déstabilise ceux qui réagissent différemment.
Joey, lui, a ressenti le besoin d’agir – peut-être par ses propres valeurs, ses sentiments envers moi, ou son éducation –, mais il me semble que ses réactions sont davantage dictées par un besoin de contrôler une situation qui échappe à son entendement ou à ses repères émotionnels, plutôt que par une réelle volonté de défendre ma dignité ou de répondre à un problème concret.
Ce qui m’intéresse dans cette dynamique, c’est que pour lui, cette intervention était une preuve d’amour ou de respect, tandis que de mon côté, j’y vois un besoin de restaurer un certain ordre interne, une difficulté à accepter ce qui échappe à son contrôle.
Je me demande aussi si la pression sociale n’a pas joué un rôle ici. Il a d’ailleurs plus tard, évoqué cette situation avec ses amis, cherchant à valider son comportement. Il semble se conformer à une norme qu’il reconnaît ou auxquels il adhère. Mais pour moi, cette norme n’a guère d’importance, car je suis guidée par mes principes personnels, loin des attentes ou des réactions toutes faites. (Le moule et la tarte, ça vous parle ?).
Cela soulève une question fondamentale : lorsque deux personnes (ou groupes) fonctionnent selon des schémas aussi différents – l’une guidée par une quête d’harmonie et une vision globale, l’autre par des codes sociaux ou des impulsions émotionnelles –, peut-il y avoir une véritable compréhension mutuelle ?
Je sais qu’aucune relation humaine n’est parfaitement symétrique. On peut avoir des échanges enrichissants, autant avec des personnes dont les perceptions ou les « niveaux » diffèrent du nôtre, qu’avec celles qui semblent, en apparence, plus « élevées » que nous ne le sommes à cet instant.
Que ce soit dans une synergie, où la collaboration crée une énergie collective plus grande que la somme des énergies individuelles, ou bien dans un échange mutuel où chacun donne et reçoit, c’est une dynamique profondément vivante, créative, et toujours en mouvement.
Donner et recevoir sont deux facettes d’un même flux, où chacun a l’opportunité d’apprendre, de s’élever ou de se transformer.
C’est sans doute ce qui fait de moi quelqu’un de particulièrement connecté, non seulement à cette matrice que je perçois, mais aussi à la croissance continue des relations et des expériences.
Ce que je recherche, ce n’est pas la validation des autres, mais des connexions sincères, sans masque et stimulantes qui me permettent de grandir et d’explorer.
Vous en êtes ?